«Je voulais tout contrôler…»

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Coucou,
Comment allez-vous?

Pour ma part, mon état de santé ne s’améliore pas beaucoup, mais je suis ravie de constater que ça n’empire pas et que ma température semble stable. (Je vous avoue que j’étais un peu inquiète, au début, car étant dans un pays étranger, il y a toujours de belles fièvres exotiques à l’horizon…)

Il est 18 h 30 au moment où j’écris ces lignes, et je m’apprête à me coucher. J’ai déménagé ce matin dans mon nouveau cocon balinais (j’ai dû quitter l’autre puisque je prolonge mon séjour…), et ce sera ma première nuit ici. On vient de préparer mon lit, et je ne sais pas si c’est parce que je suis malade, mais je pense que c’est la plus belle vision que j’ai eue de ma vie. ;) Je ne pense qu’à aller me blottir dedans et à laisser mon petit corps se régénérer. Oh, mais pas avant de vous présenter le miracle du jour, que voici… Vous verrez qu’il est particulièrement touchant et puissant.

«Je voulais tout contrôler…»

Il y a maintenant plus de dix ans, lorsque j’avais 19 ans, je vivais intérieurement un traumatisme que j’avais enfoui au plus profond de moi-même, dans mon inconscient.

Puis, un jour, un ami m’a dit une phrase que j’avais entendue quand j’étais petite et qui a tout fait remonter à la surface. Cela a eu l’effet d’une bombe dans ma tête et sur mon corps. Je dis mon corps car à partir de ce jour, j’ai été obsédée par la perte de poids.

Les mois et les années qui ont suivi ont été douleur et obsession du contrôle, du contrôle par la nourriture. Je comptais les calories, je faisais du sport à outrance, et je pinçais toutes les parties de mon corps pour palper la graisse. Focaliser là-dessus était une façon de contrôler ma douleur et mon mal-être. Ainsi, je n’avais pas à gérer le reste et à accepter ce que je ressentais. J’en ai été réduite à manger une demi-pomme par jour, et je ne voyais même pas dans le miroir que j’étais en train de mourir. Au fond, je crois que c’est ce que je voulais, mais je me haïssais tellement que je méritais de mourir lentement.

Puis un jour, la fatalité est tombée : sous-poids extrême, perte de cheveux, hémorragie, et j’en passe. J’ai été traitée dans un hôpital qui n’était pas spécialisé pour l’anorexie et, à 19 ans, je me suis retrouvée avec des personnes qui souffraient de plein de troubles différents, mais pas du mien. J’y suis restée quelques semaines puis j’en suis sortie pas guérie du tout, bien au contraire.

Lorsque je suis sortie, j’ai enfin et vraiment pété les plombs. Je dis «enfin» maintenant, mais sur le moment, j’ai bien cru mourir. J’ai plongé au fond de ma détresse. Mourir m’aurait semblé plus doux que de vivre. J’ai totalement arrêté de manger, je prenais seulement la pile de médicaments que les psychiatres m’avaient donnés. Puis j’ai perdu mon travail et quitté mon amoureux. Mes parents m’ont laissé tomber, en me disant qu’ils ne pouvaient plus rien pour moi. Je me suis retrouvée à la rue, dormant chez des amis au jour le jour.

Puis un jour, ma petite sœur qui ne m’a jamais abandonnée est venue me voir. Elle a pris tous mes médicaments, les a jetés dans la toilette et m’a dit : «Viens, on va boire un verre». Et depuis ce jour, petit à petit, je me suis reprise en main. J’ai regardé mes peurs et mes élans de contrôle en face, un à un. Avec un yogourt par jour, puis deux, puis trois, puis avec un morceau de pain, j’ai commencé à retrouver des forces physiques puis mentales. Et j’ai recommencé à voir du beau dans ce qui m’entourait.

Dix ans plus tard, j’ai toujours cette manie, lorsqu’il m’arrive quelque chose qui me fait du mal, de vouloir tout contrôler et tout gérer. J’oublie de pleurer, de me permettre de lâcher prise, de me permettre d’être triste. Mais j’ai appris aussi avec le temps que me laisser aller me soulageait et me permettait de passer à l’étape suivante de ma guérison, quelle qu’elle soit.

Je souhaitais partager ce petit bout de vie, car je pense que nous sommes aujourd’hui dans une société qui nous pousse à tout contrôler et à tout gérer. Mais parfois, pour mieux vivre et mieux renaître, il est peut-être nécessaire de se laisser aller à la tristesse, à la honte, à la rancune, à la joie, à l’amour et à la vie. Je ne dis pas qu’il faut se laisser couler dedans éternellement, mais de vouloir tout contrôler et de ne pas se laisser vivre ses sentiments nous empêche d’évoluer et de vivre en paix avec nous-mêmes.

Le plus beau dans la vie, c’est notre liberté de penser, de rêver, d’imaginer et d’accomplir. Tout est ouvert, tout est possible; nous sommes capables de tellement de choses merveilleuses. Alors je continue ce travail sur moi quotidiennement, avec ce que je suis… sans contrôler, sans me brider, juste en m’écoutant.

Louise, Suisse

Et si c’était à votre tour de partager un de vos miracles avec nous? Lorsque vous serez prêt(e), vous n’aurez qu’à aller ici (Un grand merci à l’avance! Les mercredis miracles n’existeraient pas sans vous…)

Sur ce, je vous souhaite une superbe journée!

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14 réflexions au sujet de “«Je voulais tout contrôler…»

  1. Merci Louise pour ce message qui m’a redonné espoir dans un moment de ma vie que je ressens comme chaotique et où je vais m’autoriser à être triste, pour quelque temps, le temps de retrouver le sourire et la joie de vivre (j’utilise aussi la méthode Hawaïenne « Ho’oponopono », où on doit prendre la responsabilité à 100 % de ce qui nous arrive dans la vie et « effacer les mémoires » qui en sont la cause. Pas toujours facile mais libérateur !). Merci Marie d’avoir partagé ce miracle … Je me permets de vous embrasser toutes les deux, de vous souhaiter un prompt rétablissement Marie et toutes mes félicitations à Louise pour avoir eu le courage d’accepter les aléas de la vie avec courage et sérénité et partager avec nous son histoire.

  2. Émue….simplement par ce très beau texte…une résonance sourde en moi aussi… c’est à la fois douloureux et libérateur.
    Merci.

  3. Merci de partager ce cheminement , vos matins magiques sont toujours un écho à un ressenti personnel.
    Difficile de sortir du contrôle , chez moi sont les émotions qui me submergent.
    Je vous souhaite un bon rétablissement,
    Prenez soin de vous ,
    Christine.

  4. En général, je suis très triste. Dès la naissance de la petite carla, j’essaie d’être un plus forte. Carla me pose des questions: tu es triste, maman? Je suis désolée de ne pas avouer ma tristesse devant Carla. Elle doit avoir une merveilleuse mère, et je ne le suis pas. Je lutte chaque jour afin d’être meilleur personne et mère. Il faut du temps.

    1. Bonjour Laura,

      J’ai créé un « cahier du bonheur », le principe est le suivant : j’ai acheté un beau cahier (rien que le regarder me fait plaisir) et chaque jour je note une chose qui me fait plaisir et je relis toutes les autres pages où figurent toutes les autres choses qui me font plaisir et il y en a de plus en plus et au bout d’un moment je me rends compte que finalement, il y a plein de choses qui me font plaisir dans cette vie et je suis de moins en moins triste. Essayez ! la nature par exemple est une source inépuisable de petits bonheurs, les amis, les activités sportives ou de loisir, la musique, etc…Je le fais faire à ma fille ainée qui voit toujours son verre « à moitié vide », n’hésitez pas à le faire et à le faire faire à votre fille, on peut aussi ouvrir le cahier et partager certaines pages…

  5. ZANNONI Jean-Claude dit:

    Je voulais simplement vous témoigner de mon soutien. Portez-vous le mieux possible, santé du corps et de l’âme, même si je pensais que vous étiez invulnérable-intouchable et que votre force mentale vous préservait de toute « agression »… C’est rassurant pour des gens comme moi qui doute toujours de soi.
    Bonne suite.
    JC de France.

    1. Marie-Pier Charron dit:

      Le miracle a été écrit par une matin-magicienne nommée Louise, non pas par moi, Marie-Pier. :-)

  6. Colette Yvon dit:

    bouhh mon texte a disparu ,, pas le temops de reecrire ,,
    Bravo Louise ,

    Chere Marie Pierre, je vous souhaite une bonne guerison,,,
    bonne journee lumineuse et inspirant e

  7. Tout d’abord merci pour se grand témoignage. La liberté de penser, et surtout se sentir libre. Après 40 ans de mariage hé oui 40 ans! J’ai connu mon ex mari à l’âge de 16 ans nous nous sommes mariés j’avais 20 ans. Nous avons eu 1 fille et 3 petits enfants. Lorsque c’est la peur qui guide notre vie et bien nous sommes emprisonné dans notre propre cœur, notre propre corps, nos émotions. À 60 ans par hasard la vie a mis sur mon chemin un homme extraordinaire. Pas besoin de vous dire que ma séparation (puisque j’avais toujours été silencieuse) a eu l’effet d’une bombe. J’ai perdu des amis que je croyais vrais, ma fille, mes petits enfants. Malgré toute la force, la manipulation de ma fille pour que je retourne avec son père je me suis tenue debout. Mais un jour j’ai flanché tentative de suicide ils m’avaient tuer dans l’âme. Mais mon papa de la haut veillait sur moi et ce n’était pas le moment pour moi. Aujourd’hui après presque 2 ans la relation avec ma fille va de mieux en mieux mais je crois quelle va toujours m’en vouloir. J’ai un homme extraordinaire à mes côtés. Maintenant je sais ce que sais de vivre sans peur, la liberté n’a pas de prix. Mon cœur est en harmonie avec ma tête. La liberté de vivre sa propre vie, vivre ses émotions, d’arrêter de vivre pour les autres. Maintenant je vie le moment présent plus que je ne l’ai jamais vécu…………
    Bonne journée, Lise

    1. Marie-Pier Charron dit:

      Je me réjouis tellement de ton bonheur, Lise. Et je suis tellement désolée que tu aies vécu une telle situation avec ta fille, jusqu’à te rendre à une tentative de suicide. Je célèbre ta victoire… la victoire de l’amour. xx

  8. Bonjour,
    Je vous invite à lire ce qui est écrit sur le site de Pascal Perrat : ENTREDEUXLETTRES. COM. Ecriture créative et celui de son épouse Ecriture émotive. Amicalement Michel

  9. Sylvain Boisvert dit:

    Vraiment intéressant vos capsule de réflexion et oui la vie en grande partie c’est psychologique vraiment nos pensées influence notre vie que ce soit négativement où positivement. J’ai cinquante ans et mon fils vingt-cinq ans et je lui ai dit tout au long de sa vie jusqu’à maintenant que la vie est de la psychologie notre perception et nos pensées influence et influence vraiment notre bonheur tout au long de notre vie. Sa maman est décédée à quarante-quatre ans et elle était toujours souriante et même dans sa maladie (cancer) elle était souriante et restait positive elle trouvait la vie belle et fragile elle voyait du bien partout au lieu de la noirceur que les médias nous montres constamment. Bref il faut prendre soins de soi autant psychologiquement que physiquement tout en prenant soins de notre environnement et d’aimer les gens qui nous entourent bien sûr dans le respect de tous et de soi.

  10. Merci de lâcher prise et de croire encore à l’Amour avec un A majuscule. Dans la vie, chaque personne vit son histoire à elle, et c’est très important qu’elle soit respectée dans ce qu’elle vit. FÉLICITATIONS pour tous ces témoignages et continuez à conserver votre sourire……..

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