Suivre son corps

L’esprit cache, se voile des choses; mais le corps sait, - Henry Bauchau -

(Peut-être aimeriez-vous écouter la version audio du message plutôt que de le lire à l’écran? Vous n’avez qu’à cliquer ici pour la télécharger.)

 

C’était en 2003. Je venais de m’établir à la campagne, lorsque j’ai soudainement eu l’élan d’adopter un chien – un bouvier bernois, plus spécifiquement. En parlant avec quelques éleveurs, j’ai compris que l’attente allait probablement être assez longue. Mais après quelques appels, j’ai fini par trouver un éleveur en banlieue de Montréal qui avait un chiot disponible immédiatement. La personne qui était censée l’adopter s’était découvert une allergie et avait dû le retourner.

J’ai donc décidé d’aller voir le chiot en question. C’était à plusieurs heures de route de chez moi, donc je me suis dit que j’essaierais de prendre ma décision sur place, si j’avais un élan clair.

J’étais tellement nerveuse avant d’entrer chez l’éleveur! Après tout, les prochaines minutes pouvaient avoir un impact immense sur ma vie, pour la prochaine décennie… Je voulais être certaine de faire le bon choix. Oh, pas juste le bon choix… le choix ultime! Oui, je voulais absolument adopter le chien qui m’était «destiné» – mon âme sœur canine, si vous voulez. Et je ne savais pas trop comment j’allais savoir si c’était le bon.

Je suis donc entrée chez la dame, et j’ai rencontré le chiot en question. Il était on ne peut plus adorable, évidemment. Rempli d’énergie. Délicieusement têtu. Mais bien que j’en demandais assidûment, je n’avais pas de signe clair. Je ne l’ai pas «reconnu», je n’ai pas eu de déclic profond. Je n’ai pas entendu de chorale d’anges commencer à chanter lorsque j’ai posé mes yeux sur lui. Il n’y a pas eu de petite voix dans ma tête qui m’a dit : «Prends-le, c’est lui!». Je n’avais pas la moindre intuition ou le moindre signe. Cela dit, voici ce qui s’est passé : après un moment, j’ai naturellement commencé à faire le chèque qui officialisait l’adoption. Tout simplement.

Ce chien était Pacha, qui a été le cœur de ma vie, et de Matin Magique, pendant dix ans (vous pouvez lire le récit de notre histoire ici si vous le souhaitez). Notre lien est si profond que même aujourd’hui, quatre ans après son décès, je continue de l’aimer autant et de le sentir tout près de moi.

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Si vous êtes intense comme moi, vous voulez probablement toujours prendre LA meilleure décision (je me répète souvent qu’il n’y a pas nécessairement UNE seule meilleure décision, mais on dirait que je n’arrive pas à me croire…). Et si vous voulez prendre des décisions optimales, vous êtes probablement souvent à la recherche de signes pour vous rassurer, également. Préférablement des signes qui émergent de votre être profond, sous la forme d’intuitions… car je ne sais pas pour vous, mais chaque fois que je cherche des signes à l’extérieur, j’ai l’impression qu’il y a des lutins qui s’amusent à me servir un peu n’importe quoi, juste pour me forcer à revenir à moi.

On considère généralement notre intuition comme un sentiment profond, une certitude au niveau du cœur. Ou une sorte de voix dans notre tête qui nous guide doucement. Or, il y en a une autre forme dont on parle moins : celle qui est logée directement dans les fibres de notre corps. Elle amène celui-ci à faire certains mouvements naturellement, parfois presque sans notre participation. Comme lorsqu’on se dirige spontanément vers une personne pour lui parler, alors que ce n’est pas dans nos habitudes et qu’on n’y avait même pas pensé. Ou lorsqu’on emprunte un chemin différent sans l’avoir planifié. Ou lorsqu’on agrippe notre sac à main pour chercher notre chéquier, sans vraiment l’avoir décidé. Ce type de sagesse ne passe pas par la tête… c’est un mouvement qui se fait à travers nous. Et on est parfois le premier étonné.

Notre corps sait des choses que notre tête ne pourrait jamais deviner. On a tendance à le voir comme un serviteur, un outil d’exécution… mais il a une ligne d’accès directe à notre âme. Si on lui laisse un peu de place, on découvrira qu’il porte en lui une sagesse brute et qu’il peut être, en fait, un merveilleux guide. Oui, si on l’invite à prendre les devants, et qu’on accepte de le suivre, on sera ébahi par ce qui se révélera à nous au fil du temps. C’est d’ailleurs une chose que j’aime bien faire, littéralement… Parfois, je sors de chez moi avec de bonnes espadrilles aux pieds, sans connaître ma destination, et je laisse mon corps choisir où il veut aller. Je fais ainsi les plus belles découvertes qui soient. Et surtout, je me sens comme portée par une vague magique tout au long de ma marche.

Évidemment, comme avec toute forme d’intuition, ce n’est pas toujours aussi simple de l’écouter et la mettre en action. Il est parfois difficile de la déchiffrer et de savoir si c’est effectivement une sagesse supérieure qui s’exprime à travers nos élans – surtout quand il s’agit d’un sujet qui nous tient très à cœur. Parfois, nos émotions peuvent amener notre corps à faire des mouvements spontanés qui semblent intuitifs mais qui ne le sont aucunement. Parfois, notre premier réflexe vient de nos vieilles habitudes, non pas des profondeurs de notre être. Mais tisser un lien de confiance avec ce guide nous rendra au centuple tout ce qu’on y aura investi.

Peut-être aurez-vous envie d’expérimenter cela, aujourd’hui. De faire de petites pauses, lorsque vous devez prendre des décisions, pour demander à votre corps ce qu’il veut. De lui donner les guides, et, tout en gardant votre discernement, de le suivre pour voir où il veut bien vous mener. Ça ne provoquera peut-être pas de grandes révélations sur-le-champ, mais mon petit doigt me dit que vous aurez quelques jolies surprises qui vous inspireront à explorer le tout plus profondément.

La vie peut devenir si riche et délicieuse lorsqu’on laisse quelque chose de plus grand nous guider. Et il me semble qu’il est tellement libérateur – et touchant – de réaliser que cette grandeur est déjà à l’intérieur de nous, dans chaque fibre de notre être, sans qu’on ait absolument rien à apprendre ou à changer.

Sur ce, bonne journée et bonne transition vers la nouvelle année! Je vous souhaite un ravissement profond dans toutes les sphères de votre vie – et dans votre cœur, bien sûr, pour commencer. Car juste au cas où vous l’auriez oublié, vous êtes digne des plus beaux trésors que la Terre puisse offrir.

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25 réflexions au sujet de “Suivre son corps

  1. Comme je suis d accord avec toi Marie-Pier !
    Ce corps, je l ai souvent sous-estimé. Notamment parce que dans notre culture, on met beaucoup en avant le mental et on le glorifie, reléguant le corps au 2ème rang.
    Pourtant bien des fois il sait. Il suffit par exemple de voir comment il anticipe certaines de nos actions futures pour nous protéger à l insu de notre mental qui nous voile l accès à un certain nombre d informations.

    C est pour ça que j ai décidé de faire alliance avec lui, d éduquer ma sensibilité à percevoir ce qu il me dit.

    Merci pour ce bel article

  2. Beatrice Fesselmeyer dit:

    Marie Pierre tu es une sœur de cœur justement mon corps s’abreuve de ta sagesse qui éclot comme une fleur et nos corps sont Unis dans l’univers qui nous a incarné. Des cellules qui s’emmêlent pour créer une œuvre notre corps humain et oui laissons le nous guider. En ce moment il m’appelle pour me dire quitte cette ville qui te a vu naître, je résiste je sens que je cède de plus en plus je dois vivre cette expérience loin de la pollution citadine j’ai peur mais mon corps est appelé par la terre les arbres les oiseaux je dois migrer je l’écoute merci encore une fois Marie Pierre tu es une fée

  3. Laurent Huard dit:

    Hola Marie,
    Je te suis depuis kkes années déjà et j’ai toujours cette impression que tu lis dans mes pensées….tes messages sont toujours, et je dis bien toujours, sur le sujet qui me préoccuppe! Ta Lumière m’est grandement bienfaitrice parce que si bien diffusée par cette plume agile que tu manies si bien! Nous nous sommes déjà rencontré à Bromont si ma mémoire est. Bonne dans un p’tit café avec « MIMi »,ton idole de jeunesse…tu te souviens?

  4. Je me retrouve complétement dans cet article , j’ai moi aussi un bouvier Bernois qui a maintenant presque 7 ans , il y a tant d’amour entre nous ,c’est inexpliquable , c’est une ame pure , sans méchanceté ni rancoeur , il est pur amour et j’essaie de m’en inspirer dans ma vie quotidienne .
    J’appréhende son départ car il rempli tellement .
    Merci pour vos beaux articles qui me donnent de l’energie et de l’espoir à chaque fois .

  5. Dominique Porret dit:

    Merci Marie-Pier pour ce partage. Ecouter mon intuition est un des chemins les plus difficiles que j’ai eu à parcourir dans ma vie (et ce n’est pas fini). Comme tu dis, il y a des petits lutins facétieux qui essaie de troubler la donne… Ceci dit, ce n’est pas facile, non plus d’en parler. Ecouter son intuition a l’air un peu fou pour certains. Cela m’a valu une ou deux expériences un peu difficiles. j’ai tenu bon, et je me sens de plus en plus libre. Quel bonheur!
    J’ai perdu ma compagne canine il y a quelques mois et les moments passés ensemble sont gravés à jamais dans mon coeur. Je l’avais « rencontrée » alors qu’elle avait 11 ans et nous nous sommes soutenues dans des moments plutôt escarpés. Une merveilleuse rencontre aussi basée sur une intuition, un élan, complètement incompréhensible pour la raison.
    Je te souhaite un merveilleux passage d’année… Merci pour tous tes messages si tantôt interpellants, rassurants ou confrontants… qui nous font avancer.

  6. Bonjour Marie-pier
    toujours très touchée par ce que tu nous offres dans « Matin Magique », et aujourd’hui par le souvenir de Pacha que je ne peux pas oublier tant il à fait partis de toi pendant toutes ces années…
    D’autant plus que j’ai très envie d’avoir un compagnon canin moi aussi et que pour l’instant je n’écoute pas cette envie par ce que j’ai une chatte qui détste les chiens…mais ça revient régulièrement, et plus du fond des trippes que de la tête…
    Je sais que je finirais par en prendre un et alors, quel qu’il soit, je penserais à toi et à Pacha…
    Bises affectueuses
    Anne

  7. Marcel Gaspoz dit:

    Merci et bravo, Marie-Pier pour ce magnifique texte et tout ce que tu nous apportes tout au long de l’année.
    Tes petits messages sont autant de soleils qui illuminent nos journées.
    Ton texte du jour me touche beaucoup et je peux suivre les signaux que me donne mon corps. Par contre, je suis toujours en attente en ce qui concerne un signe plus profond qui donnerait une vraie direction à ma vie et ce n’est pas faute de chercher…
    Je te souhaite une très heureuse nouvelle année et de pouvoir continuer à nous faire vibrer par tes beaux messages d’amour.

  8. Comme c’est spécial…avant que je parte pour le travail… Je lis ton message qui parle de Pacha…il a fait parti aussi de moi provenant de tes messages…comme Moustache, mon chien qui a été dans ma vie 13 ans…parti il y a 5 ans le 27 Décembre. Et oui ! j’ai l’impression que c’est moi qui parle ce matin.

    Ça fait du bien de lire tout ceci qui parle aussi d’intuition, de messages clairs etc.

    Je pense que quoi que ce soit que nous prenons comme décision est toujours le bon choix. La vie nous apporte tout ce que nous avons besoin pour continuer à évoluer, en conscience ou non.

    Une nouvelle année remplit de tout tes désirs et plus oxo

  9. Bonjour Marie-Pierre
    Quelle beau message pertinent (comme les autres d’ailleurs)…particulièrement en ce moment où je suis à orienter ma vie et prendre conscience de qui je suis réellement. À l’aube de la soixantaine je suis merveilleusement à l’écoute de mon esprit qui se manieste non seulement par l’intérieur mais par le corps également. Plusieurs projets se mettent en place afin de donner tout son sens à ma vie…merci pour ton message et que la nouvelle année soit porteuse de beaux miracles…

  10. Danielle Sabourin dit:

    J’ai aimé Pacha grâce à toi, j’ai même une photo de Pacha sans l’avoir jamais rencontré. En fait, tu as transmis ton amour à plus grand que vous deux.
    Je te souhaite un doux passage vers 2018.

  11. Marie Josée Lapointe dit:

    C’est la première fois que j’entends parler de l’intuition de cette façon. Je trouve ça génial! C’est vrai que notre corps nous parle, mais je n’avais pas fait le lien avec l’intuition. Merci Marie-Pier. Et Bonne et Heureuse Année 2018!

  12. Chère Marie,

    Je me reconnais bien dans cette exigence du bon choix et de la recherche de signe indiscutable !!
    Et particulièrement dans ce paragraphe (je te cite) :
    Évidemment, comme avec toute forme d’intuition, ce n’est pas toujours aussi simple de l’écouter et la mettre en action. Il est parfois difficile de la déchiffrer et de savoir si c’est effectivement une sagesse supérieure qui s’exprime à travers nos élans – surtout quand il s’agit d’un sujet qui nous tient très à cœur. Parfois, nos émotions peuvent amener notre corps à faire des mouvements spontanés qui semblent intuitifs mais qui ne le sont aucunement. Parfois, notre premier réflexe vient de nos vieilles habitudes, non pas des profondeurs de notre être. Mais tisser un lien de confiance avec ce guide nous rendra au centuple tout ce qu’on y aura investi.
    Personnellement c’est un coup oui un coup non. Je n’ai donc pas encore réussi, malgré mon âge, à tisser ce lien de confiance dont tu parles…
    Je te souhaite une lumineuse et intuitive année 2018 ainsi qu’à tous les Magiciens.
    V.

  13. Maryse Filion dit:

    Tellement bon de lire ce geste du corps qui nous mène vers un message. Ouvrons les yeux.. voici mon histoire: Alors que je me laissais guidé par mes pas, sans connaître ces rues du Vieux Québec, je trouve sur ma toute une plume blanche que je ramasse en souriant. Je commence à avoir l’habitude de trouver des plumes sur mon chemin, elles sont souvent un signe. En poursuivant ma route, laissant mon corps guider mes pas, je suis arrivée au pied d’un bronze en l’honneur à toutes les enseignantes. Cette sculpture de main portant une plume, rend hommage à toutes ces femmes qui ont œuvrer dans l’enseignement. Un événement dans ma vie m’oblige à cesser d’enseigner afin de soigner ma santé. Ce bronze, cette plume m’offrent une reconnaissant pour toutes ces années de bonheur vécues auprès des enfants. Le deuil que je dois vivre devient plus léger. La vie est remplie d’intuition guidé par notre corps. Il suffit d’ouvrir son coeur et les surprises arrivent. Quel bonheur!!!

  14. Bonjour Marie-Pierre,

    Comme à chaque fois que je lis l’un de tes textes, l’une de tes réflexions, cela me touche. Ah, comme on dit tjs, les femmes ont de l’intuition…Ici, j’ai été ému par ta réflexion sur Pacha, je sais bien que tu y étais et y est tjs fort attachée, cela m’a fait penser à mon ancien chat, Mickey, un tigré assez amusant, il fallait voir sa queue frétiller qd il mangeait ses croquettes dans son écuelle et … tant d’autres souvenirs, ses petites manies etc. Il m’a quitté il y a bien 7 ans maintenant, suite à un cancer que le vétérinaire n’était pas parvenu à guérir. Je me revois encore creuser sa tombe au fond de ma pelouse, j’y ai ensuite planté un arbuste: un hortensia, car quelque part, je voulais que Mickey revive à travers cet arbuste: l’hortensia a grandi même si ses débuts furent difficiles. Amicalement, Fred

  15. bonjour marie pier , c’est vrai je ne suis pas assez à l’écoute de mon corps et me le fait savoir par la maladie, je n’ai pas su faire des pauses pour réfléchir et même jeuner pour le détoxiquer de tant en tant , c’est ma faute surement , oui il y a eu tellement de gros stress dans ma vie ,maintenant je le paie cher mais maintenant je me bats pour rétablir un équilibre et je n’aime pas les fêtes à cause de toutes ces tentations de bons produits , la convivialité c’est se recevoir autour d’un bon repas bien riche c’est un plaisir dans le partage
    ton histoire avec Pacha m’a ému ,la dernière chienne que j’ai eu je l’ai adoptée dans un refuge de bête abandonnée, elle était avec des petits chiens type caniches et autres ,Diane s’est avancée près du grillage s’est mise sur ces 22 pattes arrières et a faire un tour sur elle même avec des yeux tendres et j’ai continué mon chemin pour voir les autres chiens et en revenant ,je suis repassée devant cette cage, diane est revenue et a dansé encore et l’air de dire tu me prends, je l’ai prise ,elle m’a choisi et elle a été un amour de chienne ,nous avons vécu une grande complicité, j’ai énormément souffert lors de sa disparition (cancer) elle est morte dans mes bras ,elle me manque, je n’ai pas pu en prendre un autre car nous vieillissons, il faut les sortir tous les jours que deviendrait il après nous? mais j’aurais aimé bonne fête de fin d’année je vous embrasse gisele

  16. Bonjour Marie-Pier
    Votre histoire avec Pacha m’a beaucoup touchée, je m’y suis complètement reconnue… aussi j’avais envie de vous le dire et de partager avec vous un petit moment, en vous racontant mon histoire avec Drak.
    J’ai toujours vécu entourée d’animaux, et mes relations avec mes chiens particulièrement, ont toujours été très fortes. Quand Thibaud, mon briard adoré, est entré dans ma vie, le bonheur y est entré aussi … il avait tout pour lui, la sensibilité, l’intelligence, la beauté… je vivais avec lui, imprégnée de lui… Mon quotidien s’organisait en fonction de mon « bibou » (s’était son surnom).
    Toujours avec moi, même mes jours de travail : il n’aimait pas rester seul à la maison, et préférait m’attendre dans la voiture qui était équipée d’un système ingénieux de grilles que je posais à la place des fenêtres ! et quand je sortais du bureau : direction la colline… il a vécu heureux et il m’inondait de sa joie de vivre, avec une imagination qui chassait toutes les tristesses.
    Entre nous il y avait quelque chose de fusionnel.
    Et puis, les années ont passées, il allait dans sa 15ème année (ce qui est beaucoup pour un briard) et un jour il est parti au paradis des chiens.
    Tout s’est effondré…
    Je sentais bien que j’aurais dû accueillir un autre compagnon… non pas que nos animaux soient interchangeables, (de tels êtres sont irremplaçables) mais cela aide à vivre quand même, à donner encore…
    Je ne l’ai pas fait.
    Période très sombre… où je me suis détruite pour quelqu’un : j’étais allée très loin dans l’autodestruction. Et pas sûre de rester dans cette vie, je ne pouvais pas m’engager avec un chien….
    Et puis… c’est comme si la vie avait décidé pour moi !
    Je fais un métier d’accueil et voilà qu’un jour on me ramène au bureau, un bébé pie tombé du nid, blessé… Au début, j’étais un peu réticente, avec des idées préconçues sur les pies, mais il n’était pas question que je laisse ce petit animal dans cet état. J’allais faire tout ce que je pouvais pour l’aider.
    Et voilà comment j’ai recueilli Drak ! Je ne savais pas alors, ce qu’elle allait m’apporter…
    Puis a commencé le parcours du combattant pour la faire soigner : centre de sauvetage de la faune sauvage : mais la pie est classée « nuisible », ils n’ont rien pu faire. C’est une association s’occupant des corvidés qui m’a aidée et trouvé un vétérinaire pour la soigner.
    Une fracture au niveau de l’articulation de la patte : elle a eu une attelle qu’elle a dû garder un certain temps. Je l’avais installée dans un chapeau. Dans ce « nid de fortune » elle était avec moi au bureau, à côté de l’ordinateur…
    A cette époque elle était très sociable et pas effrayée par les humains.
    La fracture s’est bien remise, mais il y avait un autre handicap plus sérieux : un problème au niveau des doigts : au lieu de les poser à plat, elle avait les doigts recroquevillés et repliés vers l’intérieur.
    J’ai un grand terrain, je la laissais en liberté. Sauf la nuit : je la rentrais et l’endormais.
    J’avais complètement adapté la maison pour qu’elle y soit la plus heureuse possible. Je laissais, pour elle, deux maisonnettes toujours ouvertes, les meubles recouverts de draps, c’était son domaine, son refuge…
    Quand je partais travailler, je la laissais vivre sa vie, et au retour, je la retrouvais.
    Je ne voulais pas la priver de sa liberté. Même si avec son handicap elle était plus vulnérable que ses congénères, mais tellement heureuse d’être libre…
    Il lui arrivait de me laisser une heure ou deux, et puis soudain, je sentais mon petit phénomène atterrir sur ma tête en gazouillant de bonheur ! La sentir se poser sur ma tête, pour moi, c’était un apaisement.
    Cet oiseau était un cadeau du ciel, mon petit rayon de soleil…
    Elle était devenue sauvage : la vue d’autres personnes l’effrayait complètement. Et très méfiante aussi envers les objets et les vêtements nouveaux (je devais changer de tenue avant de rentrer chez moi !)
    Remplie d’attentions à mon égard : sur moi, elle battait de ailes en gazouillant avec les plumes de la tête aplaties, elle arrangeait les plis de mon pull-over, prenait mes mèches de cheveux, les mettait dans ma bouche, me mordillait doucement le nez… c’était très émouvant !
    Quand j’arrivais : cette joie de me voir… Elle sautait sur un jouet, la queue retroussée en gazouillant doucement.
    Un bonheur de la regarder vivre : elle était joueuse, pas une minute de répit et faisait des bêtises en rafales…
    Elle avait le réflexe de cacher les objets, surtout la nourriture : dans mon cou, mes manches ou mes poches, et dans ces cas-là, je n’avais plus le droit d’approcher la main sous peine d’être mordue !
    Ce petit oiseau me prenait tout mon temps, et je le lui donnais avec un grand bonheur…. Elle me donnait énormément… de l’Amour, tout simplement ! Même si elle me coupait d’une vie sociale, elle m’apportait tellement !
    Mais petit à petit, une autre pie est entrée en scène : une pie belliqueuse. Une histoire extraordinaire…
    Les pies sont très territoriales et j’avais introduit Drak sur « son » territoire, elle ne l’a pas acceptée et voulait la chasser. Je l’ai baptisée « Chipie ». Cette nouvelle venue s’est apprivoisée toute seule avec un toupet incroyable. Au début Drak se réfugiait sur ma tête. Et Chipie, dépitée, n’osant pas l’atteindre tout là-haut, faisait les cent pas devant moi ! …
    D’une jalousie féroce, elle voulait imiter Drak : prendre ses jouets, sa nourriture, et même… s’approprier sa maîtresse ! Elle était venue en confiance ; je n’avais pas le cœur de la chasser plus fermement. Petit à petit, voulant à tout prix atteindre Drak : elle aussi s’est retrouvée sur ma tête ! Situation drôle mais aussi inquiétante : je n’étais pas toujours présente pour défendre ma petite Drak.
    Et un jour, la catastrophe est arrivée ; Drak a disparu…
    Il y a un peu plus d’un an, un matin, je l’ai vue monter dans le ciel. Sur le moment, je n’étais pas inquiète. Je la voyais partir très loin jusqu’à la perdre de vue, mais ensuite elle revenait.
    J’ai passé des jours à guetter et implorer le ciel de me rendre mon petit oiseau.
    J’ai tout tenté pour la retrouver : prière, voyance, radiesthésie… J’ai parcouru les campagnes pendant des jours, mais rien… Il semble qu’elle se soit perdue ; suite à une grosse frayeur elle aurait quitté le périmètre qu’elle connaissait.
    Elle était arrivée dans ma vie dans une période d’enfer affectif et m’avait redonné goût à la vie.
    J’avais fait un pas en avant avec elle, je n’étais plus en rejet de l’extérieur. Elle m’avait permis de me pacifier.
    Drak sur ma tête et Chipie sur mes genoux, pour moi c’était des moments de bonheur…
    La complicité, la confiance, rien n’a manqué… J’ai été sa maman, son partenaire.
    On partageait tout. La voir partir au loin et revenir à mon rappel, c’était extraordinaire ; se réfugier contre moi pour que je la protège, jouer à cache-cache, tondre le jardin avec elle sur la tête, la voir s’endormir contre moi, tout cela était magique.
    Excessif ? certainement… elle adorait tout ce qui pouvait ressembler à une niche : donc les penderies, armoires, four micro-ondes, je lui avais tout donné… et tant pis pour les salissures.
    Encore un peu et je me retrouvais dans un arbre et ma princesse dans la maison !
    Des leçons aussi : celle du « lâcher prise » et de ne pas vouloir garder à tout prix quelque chose que l’on aime. L’apprentissage de l’autonomie affective…ne pas considérer que c’est une personne ou un animal qui vous maintient en vie. Quand je la voyais s’éloigner, malgré mon angoisse, j’acceptais… je ne l’ai pas rendu captive et lui ai donné le meilleur.
    J’essaie de conserver tout le bon, du privilège que j’ai eu d’avoir vécu cette histoire, et des leçons aussi que je devrais en tirer. Elle a vécu heureuse : Son Amour exclusif et inconditionnel cela devrait me suffire, mais j’avoue que je n’en suis pas encore là…Le pire est de ne pas savoir.
    Je sais bien que sur des plans plus subtils, il y a une raison à tout ; si un événement arrive c’est que l’on a la force de le passer et qu’il faudrait garder confiance en la vie quoi qu’il arrive. Mais de la théorie à la pratique, il y a un fossé…
    Ce que j’ai vécu avec Drak a été tellement intense qu’il m’était impossible de tout arrêter d’un coup. Une amie connaissait un centre de soin qui avait recueilli une pie très imprégnée par l’humain qui ne pouvait pas être rendue à la vie sauvage. Si on ne lui trouvait pas un accueil, elle risquait l’euthanasie.
    Alors j’ai adopté Maky.
    Bien sûr qu’elle ne remplacera pas… mais cela permet de donner encore, de continuer la vie et de panser les blessures.
    Et comme en la laissant partiellement libre, on allait recommencer la même histoire, j’ai opté pour une totale captivité. Tant pis les beaux sentiments…
    Alors, j’ai transformé mes maisonnettes et la terrasse couverte en volière géante ! Tasseaux de bois et filets de volière, j’ai fabriqué une volière 4 étoiles !
    Il y a toujours Chipie, tempérament affirmé et querelleur (ça fait partie de son charme). J’y suis très attachée. Oiseau sauvage qui me rappelle ma petite Drak. Elle part, revient, je la vois heureuse avec les siens. C’est ce qui me manque pour Maky… Un oiseau enfermé… ce n’est pas ma conception… je ne le conçois que libre ! mais bon… c’était la condition pour l’accueillir, elle n’était pas en mesure de retrouver sa vie sauvage.
    Elle est adorable Maky, mais c’est un oiseau captif… et je prends encore plus conscience du caractère exceptionnel de la relation que j’avais avec Drak.
    Je fais ce que je peux pour lui rendre une vie agréable. Je vis le plus souvent avec elle dans mes maisonnettes. Je lui ai construit en bas du terrain…une résidence secondaire ! pour la changer un peu de décor.
    Drak c’était la Liberté… Cette nouvelle adoption n’a peut-être pas été faite dans un sens d’ouverture. En adoptant cet oiseau, c’est aussi moi que j’ai mis en prison. Raisons multiples…Il y a sûrement un « confort » dans une situation d’enfermement…
    Depuis, je me suis beaucoup documentée sur les corvidés : j’ai découvert un univers passionnant, méconnu et incroyablement intéressant.
    Mon histoire avec Drak, mon oiseau-bonheur, a duré un an et demi, mais elle m’a marquée à jamais.
    Depuis, en voiture, je m’arrête souvent pour les regarder ces beaux oiseaux, et aussi, quand il m’arrive de voir une pie morte heurtée par une voiture, je m’arrête et ne la laisse pas au milieu de la route : je la mets sur le bas-côté et la recouvre de branches… on doit me prendre pour une illuminée ! Pour moi, depuis Drak, elles sont sacrées…
    Je voulais simplement vous raconter cette histoire… quand une histoire est très belle, on a envie de la partager !
    Bonne journée à vous et un grand merci pour vos beaux messages chargés de lumière…

  17. Françoise DOFFIN dit:

    Le 4 avril 2017 Téquila , notre petite chienne nous a quittés , elle avait 15 ans.
    Nous avons passé les trois dernières semaines de sa vie ensemble d’une manière proche différente car nous étions en camping-car dans un terrain de camping à Dax pour la cure de mon mari.
    Nous avons donc passé notre premier Noël sans elle et nous nous apprêtons à passer ce changement d’année sans elle.
    Elle est tellement présente encore que je pense qu’elle ne me quittera jamais.
    Elle m’a tant appris sur moi et sur la vie du haut de ses 6 kg.
    Merci Marie de me permettre d’écrire ces quelques lignes et pour tout ce que tu m’apportes depuis si longtemps .
    Françoise

  18. François de Bourgogne dit:

    Salut Marie-Pier et toute notre communauté ;-)
    Merci à toutes et tous… je vous souhaite tout de bon, de beau dans la joie et a la paix pour vous et les vôtres pour 2018.
    Un petit mot pour patager mon expérience de l’intuition du corps.
    Ça a commencé comme ça : un jour, je devais partir rapidement pour régler un problème administratif vraiment urgent. Je prends mes documents et j’enfile ma veste…et « mais où sont donc mes clés de voiture ? » ce n’était vraiment pas le moment et au lieu de m’agacer avec ça, j’ai assez naturellement fait comme on le fait dans ces cas l

  19. Merci Marie-Pier

    Puisse cette année vous apporter ce dont vous avez besoin et puissiez-vous n’en garder que le meilleur tel un substrat de la vie

    Cœurdialement

    Isabelle

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