Ma mère ne m’a pas désirée. Je ne me souviens pas d’avoir été sur ses genoux ni embrassée par elle. Devant son hostilité à mon égard, j’ai mis en place une résistance. C’était l’indifférence et le mutisme. J’ai beaucoup souffert de ses flèches verbales empoisonnées et de sa froideur.

Lorsque j’ai commencé ma quête spirituelle, j’ai décidé de mettre en pratique quelques «outils» trouvés pour arriver à faire la paix entre nous. J’avais réalisé qu’avec la vie qu’elle avait eue et ce qu’elle vivait, elle n’avait pas les moyens de faire autrement. Bien qu’étant très intelligente, elle n’avait pas eu de prise de conscience et restait bloquée dans son mal-être.

J’ai donc mis en place mon projet. Lorsque j’allais voir ma mère, je restais en vigilance. Et dès que je sentais son hostilité, je me plaçais à côté de moi en pensée, en observatrice et dans l’attente, tout en me mettant en état de calme réceptif. Dès que la flèche verbale arrivait, je l’accueillais et j’observais le processus de souffrance que cela enclenchait sans essayer de l’éviter. Je vivais la souffrance en ressentant dans mon corps ce qui se passait. Je me suis aperçu, au bout d’un certain temps, que la souffrance traversait mon corps pour aller dans la terre. Elle s’évacuait d’elle-même!

J’ai remarqué que ma mère était déstabilisée. Cela se sentait dans son énergie qui se relâchait, c’était subtil.

Pendant des années, à chaque visite, je pratiquais donc mon chemin de paix. Et les flèches se sont estompées.

Puis, un jour, j’étais assise à côté du lit de ma mère, et elle m’a dit : «J’aurais beaucoup de choses à te dire… mais je ne sais pas par quoi commencer». Je lui ai répondu : «Choisis deux ou trois choses pour commencer». Il y a eu un grand silence puis elle m’a dit : «Je t’aime beaucoup». Sidérée, je lui ai alors répondu : «Moi aussi, je t’aime beaucoup». C’est tout ce qu’elle a eu à dire! La paix était scellée, l’amour circulait…

Puisse mon témoignage aider beaucoup de personnes. Être observateur plutôt que s’identifier à la souffrance permet le recul; être dans le corps met le mental à sa place. Voilà des outils très puissants!

Nicole, sud de France