L’audace de prendre (et reprendre) sa place

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J’ai assisté au spectacle de Paul McCartney à la mi-septembre. Ce fut une magnifique soirée de trois heures, vibrante de joie de vivre et de générosité (j’ai fait un petit compte-rendu ici, si cela vous intéresse).

L’homme assis à ma droite filmait beaucoup tout au long de la soirée. Plutôt que de filmer le chanteur et son band sur la scène, il immortalisait un des écrans où on les voyait en format géant. L’écran était à notre droite, assez proche de nous, et pour pouvoir le capter au complet, mon voisin reculait son torse autant qu’il le pouvait dans la direction opposée… c’est-à-dire dans la mienne.

Si mon explication est aussi peu claire que je le crois, le bottom line est : son dos était penché vers moi, et il occupait une bonne partie de mon espace.

Une chose à mon sujet : je suis hypersensible. C’est-à-dire que mes sens sont plus aiguisés que ceux de la plupart des gens. Donc un amphithéâtre rempli de 15 000 personnes n’est pas mon habitat naturel, et le son dans ce genre de salle est toujours beaucoup trop élevé pour moi, au point où je souffre souvent physiquement de son intensité. Ainsi, la dernière chose dont j’avais besoin était de me sentir envahie dans le peu d’espace qui m’était alloué.

Au début, j’ai accepté la situation de bon cœur et mis mon malaise de côté. Je ne comprends pas l’intérêt de regarder un spectacle à travers l’écran d’un téléphone (aussi intelligent soit-il…), mais j’aimais bien son enthousiasme, et je ne voulais pas gâcher sa joie. Après une dizaine de chansons, par contre, j’ai commencé à me sentir vraiment mal à l’aise. Puis un petit nœud de frustration a commencé à se former. Et j’ai fini par craquer.

C’était pendant la chanson Let it be. Ça devait être la préférée de mon voisin, car il a incliné son corps encore davantage dans ma direction pour capter chaque pixel de l’écran, et je me suis retrouvée encore plus coincée qu’avant, trop prise pour pouvoir moi-même profiter de la chanson. Bouillonnante de frustration, j’ai sorti ma baguette magique et j’ai lancé «Avada kedavra!» en la pointant vers lui. Je blague… Évidemment, je n’utilise ma baguette magique – et les sortilèges meurtriers – que pour les situations qui mettent la planète en péril. Non, en réalité, je me suis simplement recentrée dans mon siège, sachant qu’il allait automatiquement me sentir pousser derrière son dos et, probablement, capter le message.

Voici ce qui est particulier : dès qu’il a senti la pression de mon bras, il s’est excusé et il a repris sa place. Mais de mon côté, dès l’instant où il s’est replacé… eh bien, plutôt que d’être soulagée, j’ai commencé à me sentir toute sale et minuscule. Je me jugeais de ne pas avoir été plus généreuse et d’avoir privé mon voisin de son beau moment de joie insouciante. En plus, tout cela s’était passé au son de Let it be… Quelle ironie que j’aie agi de façon si petite et immature alors que la chanson parle plus ou moins de lâcher prise et d’être porté par la vie.

Avez-vous déjà vécu cette expérience? Vous êtes-vous déjà rapetissé pour ne pas ternir le bonheur de l’autre, ou pour ne pas créer de remous, ou pour ne pas être rejeté? Avez-vous déjà repris votre place dans un élan de frustration, pour vous sentir ensuite honteux de l’avoir fait?

Prendre notre place, ou la reprendre, est une des choses les plus difficiles… Ça nous confronte à notre besoin d’approbation… au sens de notre valeur… à notre peur de blesser les autres. C’est une de ces situations où la victime finit souvent par se sentir coupable. Parce qu’on nous a inculqué qu’il ne fallait pas trop déranger. Parce que quand une personne nous manque de respect, c’est souvent parce qu’elle s’est créé une représentation mentale de la réalité dans laquelle son comportement est adéquat, et on finit souvent par voir la situation à travers sa lentille. Et si on a permis à quelqu’un d’occuper notre espace pendant longtemps, on a l’impression de voler quelque chose qui lui appartient quand on le reprend.

Donc, êtes-vous recroquevillé dans un recoin de votre siège, énergétiquement? Voici ce que j’ai envie de vous dire…

En immobilier, il y a ce qu’on appelle les «droits acquis», c’est-à-dire que si une personne utilise une portion de terrain en croyant qu’elle fait partie de sa propriété et qu’elle apprend, après plusieurs années, qu’elle appartient en fait au voisin, elle peut tenter de faire reconnaître son droit sur le bout de terrain en question. Je ne suis pas certaine des détails, n’ayant que très peu de connaissances juridiques… Mais il y a une chose dont je suis sûre et que je peux vous dire avec conviction : il n’y a pas de droits acquis possibles sur vous. Personne ne peut devenir propriétaire de votre espace à force de l’occuper. Et même si vous avez toléré un envahissement pendant 20 ans, ce qui est vôtre vous appartient toujours à 100 %, et vous avez toujours le droit de le récupérer.

Pour continuer, et juste au cas où vous auriez besoin d’un rappel : vous n’êtes pas responsable de l’enthousiasme des personnes autour de vous. Vous avez le droit de gâcher la joie d’une personne qui piétine sur votre potager, même si elle n’est pas mal intentionnée. Ce serait merveilleux si tout le monde pouvait vivre sans contraintes et avec une abondance de tout, mais ce monde n’existe pas plus pour les autres que pour vous. Et si on y pense, il n’y a rien de sain ou de généreux à nourrir le schéma d’une personne qui choisit d’occuper un espace qui n’est pas le sien : qu’elle le réalise ou non, elle se fait autant de mal qu’à nous avec ses actions. Ainsi, elle semble peut-être déçue ou en colère lorsqu’on met nos limites, mais son âme, elle, nous donnerait probablement un gros bec sur le front.

Donc si vous avez le sentiment de vous faire tout petit dans votre chaise, peut-être sentez-vous que vous êtes prêt à vous redresser et à vous placer en son centre. Je peux me tromper, mais il me semble que le moment est arrivé de récupérer tous les petits bouts de vous que vous avez donnés ou que vous avez laissé les autres vous enlever. Il est possible que vous ne sachiez même pas où ils sont, et comment vous vous en êtes éloigné… il y a des dynamiques qu’on vit qui deviennent si profondément installées qu’on ne les voit même plus. Mais il n’est jamais trop tard pour partir à l’exploration, et elles finiront par se révéler.

Prendre votre place sera encore plus douloureux que de la perdre, initialement… Toutes les peurs qui vous ont amené à vous rapetisser courront à votre rencontre avec un petit sourire sournois, et il est possible que ça boude ou que ça rugisse dans votre environnement. Dans ces moments, vous aurez le sentiment que quelque chose ne tourne pas rond… mais cet inconfort est normal, inévitable, et il n’y a pas de solution magique autre que de l’accepter et de laisser les choses se placer. En fait, pour reprendre les paroles que chantait Paul McCartney, un beau mantra que vous pouvez vous répéter est justement : «Let it be». Oui, let it be, lâchez prise… Lâchez prise non pas sur votre sens de la justice et sur votre dignité, mais sur votre sentiment de ne pas les mériter. Oui, laissez les choses être telles qu’elles sont, acceptez-les… Cela dit, n’acceptez pas la réalité de devoir vous effacer, mais la réalité de pouvoir et de vouloir récupérer ce qui vous appartient malgré tout ce carcan qui tente de vous arrêter.

Votre espace est le vôtre. Personne ne peut se l’approprier, et les personnes qui tentent de le faire ne font que s’empoisonner (et ceux qui le font innocemment souhaiteraient certainement savoir ce qu’il en est, et ils arrêteraient immédiatement). Donc, reprenez ce qui est vôtre, et installez-vous confortablement au centre de votre siège, au centre de votre vie. Et voyez comment le spectacle est magnifique, ainsi…

Bon lundi! ❤️

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38 réflexions au sujet de “L’audace de prendre (et reprendre) sa place

  1. Mie Hélène Hubert dit:

    MERCI MERCI MERCI Marie Pier en particulier pour ce message qui me rappelle mon quotidien
    C’est très magique de recevoir tes messages le lundi matin pour démarrer la semaine qd c’est un peu difficile
    Très bonne semaine
    Marie Hélène

  2. Gabrielle Raffini Imeri dit:

    Bon matin!
    Un grand merci pour les paroles de ce jour qui éclairent de belle manière ce que je vis quotidiennement et qui vont m’encourager à reprendre ma place.
    J’ai vécu pareille situation à un concert de Julien Clerc avec une voisine qui est arrivée en râlant sur la circulation, la médiocrité de la salle, son « amie » handicapée qui peinait à gravir les marches fort hautes des gradins (qui a d’ailleurs failli tomber faute d’aide…).
    Je me réjouissais de ce concert partagé avec une amie de longue date et mon sang n’a fait qu’un tour à l’idée que mon plaisir soit gâché!
    Je me suis tournée vers cette personne et lui ai dit qu’elle était priée de cesser ce cirque, que si la situation était si difficile, elle pouvait aussi repartir et que je ne la laisserais pas gâcher mon plaisir.
    Je crois que nous étions 4, voire plus, à être surprises .
    Ça m’a fait un bien fou de réaliser que je pouvais dire les choses, même si la manière était un peu rude.
    Ma copine m’a dit qu’elle ne me reconnaissait pas, la râleuse a cessé de se plaindre et son amie m’a jeté un regard reconnaissant.
    Votre témoignage a réveillé ce souvenir et m’a rappelé mon droit de reconquérir ma place.
    Je tâcherai d’y mettre les formes…
    Mille mercis et au plaisir de vous lire
    Gabrielle

      1. Quelle belle lecture! Elle arrive à point pour me procurer la paix intérieure.
        Je viens tout juste de terminer, à nouveau, une relation avec l’homme qui, je le croyais, avait enfin compris que notre vie à deux était la plus belle chose qui puisse être. La prise de conscience qu’il me disait avoir intégrée et la promesse qu’il m’avait faite de travailler à changer ses comportements intolérables afin de laisser la place à l’appréciation de notre bonheur d’être à nouveau ensemble, sa volonté de saisir le moment présent dans chaque minute qui passe est très vite disparue pour faire place aux expériences vécues lors de notre relation précédente.
        J’ai persisté pendant des mois en me disant que je devais lui laisser du temps de développer cette nouvelle façon d’être. Mais au fil du temps ma façon d’être heureuse tout simplement, d’aimer la vie, mes enfants, les gens que j’appréciais nuisaient à notre intimité, semblait t’il. Mon comportement supposément formidable est devenu à nouveau inacceptable et insupportable pour lui. Ma volonté de voir le bon côté de la vie et de rendre grâce pour tout ce que nous avions devenait une provocation pour lui et dénotait mon incapacité à vouloir voir la vraie vie et tout ses problèmes. Rien ne trouvait grâce à ses yeux!
        J’ai été confrontée à toutes sortes d’émotions pendant ces cinq mois ou je vivais quelques rayons de soleil à travers l’enfer nuageux de son caractère. Tout au fond de moi je savais que tôt ou tard je devrais trouver le courage de renoncer à mon rêve de vie à deux et à tous ces rares moments de bonheur.
        Enfin un bon matin, j’ai dis oui à mon âme, à ma joie de vivre et j’ai choisi de retrouver mon espace vital. Je me suis à nouveau choisie et j’ai dû accepter que malgré ma bonne volonté, ma foi totale, mon implication inconditionnelle, une personne qui ne veut pas changer ne changera pas. Selon sa vision, ce sont les autres, les circonstances et le passé qui sont responsables de son mal être. J’ai réalisé que la gangrène étouffait tout mon être petit à petit. Je me suis éveillée un beau matin et j’ai réalisé que la lumière qui me transportait était devenue un très faible rayon au fond de mon cœur. Maintenant, pas à pas, je me pardonne d’avoir eu la foi, je m’accepte, je réapprends à m’aimer pleinement. Je retrouve mon amour de la vie, ma gratitude et surtout cette belle lumière au fond de moi.
        Pourtant, j’avais pris soin de réparer les cicatrices de nos blessures avec des coutures d’or mais ma porcelaine vient d’éclater à nouveau en morceaux. Cette fois-ci, je garderai celle-ci tel quel afin de me rappeler que je me dois de ME protéger. Merci de nous partager de si beaux textes.
        Une porcelaine Kintsugi

    1. claudette fournier dit:

      Bonjour
      Quel merveilleux guide d,apprentissage que sont tes messages, il m,aide beaucoup dans mon cheminement ,je suis hyper sensible a l’environnement
      ce qui me fait parfois réagir fortement quand ont m,accuse d’etre pas correct en disant les vraies affaires, mais je persiste et continue d’essayer d,etre authentique autant que possible ce qui est toujours difficile, donc tes messages me parle et m,aide merci a toi Marie-Pier

  3. Bravo pour ce texte. Vos écrits sont souvent excellents, mais celui-ci l’est tout particulièrement.
    J’espère que vous continuerai longtemps vos Matins Magiques.
    Cordialement,
    Carolynn

  4. CORNUT Dominique dit:

    MERCI pour le rappel de ce jour que la place accordée aux autres, par gain de paix, peur de provoquer une réaction négative et lourde de conséquences parfois …, n’est pas a c q u i s e à l’autre et qu’on peut légitimement vouloir la récupérer ! …
    J’espère très fort que ces paroles … magiques … nous aideront moi et mon mari dans la situation qui est la nôtre.
    Bien cordialement à toi Marie- Pier,
    Dominique
    N.B. : Venant de Suisse, nous serons entre Moréal, Victoriaville et Québec entre le 24 décembre et le 6 janvier 2019. La magie serait de pouvoir aller à votre rencontre … ☺️

  5. Laure BASTARD ROSSET dit:

    Bonjour Marie-Pier,

    Suite à ton message qui concernait le fait de « prendre sa place » ou « reprendre sa place » il me semblait intéressant de modifier par un verbe cette expression. En effet nous sommes selon moi toujours à notre place (serré par le voisin ou non ;). Du coup je pense qu’il s’agit plutôt « d’occuper sa place », pleinement, librement et sans auto-jugement.
    Belle journée à toi !
    Laure

  6. Oh merci Marie-Pier pour ce texte que j’ai lu d’un trait comme je boirais un grand verre d’eau pour me désaltérer. Tout, absolument tout ce que tu dis sonne JUSTE et me permet de me « replacer » suite à un tout petit incident (mais très significatif à l’éclairage de ton message) : hier, au cours d’un repas, j’ai, par une expression grossière et choquante, gêné mes invités. Au moment où je l’ai dite je me sentais comme portée par mon élan (comme ton voisin « enthousiaste »), mais quand j’ai vu sur leurs visages l’effet qu’elle avait produit, j’ai compris que j’étais allée trop loin dans la familiarité et que je n’avais pas pris soin de leur sensibilité. A présent, je ne sais plus trop quoi faire, je me sens honteuse. Comme je fais de l’EFT, je vais me « tapoter » et du coup, trouver peut-être l’occasion de mettre au clair tout un recoin de ma manière d’être au monde. MERCI. Belle journée à toi, à toutes et à tous.

    1. Marie-Pier Charron dit:

      Bonjour Jocelyne! Ça ne me semble qu’une maladresse… Je ne me jugerais pas trop durement. :-)

      1. Mais oui, Marie, bien sûr !… Pourtant ce n’est pas faute de nous avoir répété de mille et une façons toutes plus belles les unes que les autres que ce qui comptait était d’agir envers soi avec tendresse et douceur !… Merci pour ce doux et judicieux rappel :-)

  7. Merci Marie-Pier
    Je vis actuellement une situation rélaltionelle doulereuse.
    Mon amour vit une period de dépression et a imposé une silence entre nous. Elle dit que il ne s’agit pas de nous. Je respecte cette décision
    En la laissant savoir que je la soutien,
    Que je l’aime. Mais je le vis ça très mal.
    Je me dis qu’elle fait preuve d’un manque de confiance en moi, et que
    Si elle m’aime vraiment elle partagera
    Les raisons pour cette dépression.
    Je ne sais pas si je devrais essayer de prendre ma place à côté d’elle(en lui laissant l’espace qu’elle a besoin de
    Traverser ça) mais au moins de silencer
    Des doutes qui me traverse sur notre relation et sûrtout de comprendre son état et de savoir ou est ma place.
    Avez-vous connu cette situation?
    Avec gratitude,
    Laure

    1. Marie-Pier Charron dit:

      Je suis désolée de lire que vous vivez cela, Laure. C’est une situation délicate et difficile.. Prenez bien soin e vous.

  8. Bonjour, Marie-Pier,
    C’est étonnant, la synchronicité. Ce matin, je me suis réveillée mal à l’aise, tourmentée, car dernièrement j’ai justement remis à leur place une ou deux personnes, pour reprendre la mienne, de place, pour me légitimer. Et j’ai constaté qu’en retour, comme tu le dis, que « toutes les peurs qui m’avaient amenée à me rapetisser venaient à ma rencontre avec un petit sourire sournois, que ça boudait ou que ça rugissait dans mon environnement. » C’était assez désagréable. Comme si j’avais outrepassé mes droits.
    Eh bien, après avoir lu ton billet, je me suis sentie à nouveau bien, en accord avec moi-même. ça m’a fait un bien fou de te lire et de voir qu’on partage tous ce genre d’expérience et qu’il faut aller au-delà, pour se libérer, pour être mieux avec soi. Merci de tout coeur! D.

  9. merci pour ce texte ,MARIE PIER , oui je vais m’asseoir au centre de ce siège pour admirer le spectacle de la vie ,reprendre sa place du mieux qu’on peut ,tes textes sont magiques et tombent au bon moment , bonne semaine ,avec toute mon amitié

  10. Tellement dommage qu’on ne nous apprenne pas ces évidences à l’école, en famille. Je me demande si ça ne vient pas de cette image de l’enfant égoïste, léguée par certains psychanalystes du siècle dernier. En tout cas, il est toujours bon de l’entendre, ce «le monde n’est pas plus fait pour les autres que pour vous». Et cette aptitude de certains à voir le monde comme étant plus pour eux que pour les autres, de la repérer et de ne pas la laisser devenir notre vision, même quand ils la manifestent avec un aplomb qui la rend impressionnante. Merci.

  11. Christel Rouzaud dit:

    Merci pour ce texte.
    Je crois que cette aptitude à faire passer l’autre avant nous même nous vient de notre enfance, de la façon dont on nous a élevé, ou plutôt rabaissé…
    Le travail sur moi- même aidant, j’ai plus de conscience de ce phénomène aujourd’hui. Pour autant j’ai besoin de piqûres de rappel fréquentes pour encrer en moi ce nouveau fonctionnement que je veux faire mien au quotidien, qui est de m’aimer avant tout et de m’autoriser en toute circonstance à être à ma place et à faire passer mes besoins en priorité. Encore merci

  12. Desrosiers Lebeau, Pierre dit:

    Bonjour, Marie-Pier,

    et bien, je peux vous assurer que dès le départ, j’aurais informé mon enthousiaste voisin qu’il empiétait sur mon espace vital et que je ne pouvais le tolérer, pour ne pas gâcher ma soirée et ce, avec le sentiment profond que mon geste était tout simplement légitime….

    Ici, une fois encore, vous dévoilez, et c’est tout à votre honneur, la présence, chez vous, de ce type de vulnérabilité, sans doute l’apanage de beaucoup de gens, en fait trop de gens, à mon point de vue: merci d’avoir partagé cette expérience, et bonne journée!

  13. Je vis actuellement la situation du concert en mille fois plus large. Ayant été obligée, depuis plusieurs années, et sur conseil de ma thérapeute, de m’éloigner de ma famille à cause des agissements d’une soeur qui à force de calomnies et de coups bas a poussé mes parents à me rejeter d’une façon incompréhensible, je découvre à l’occasion du décès de mon père qu’en plus, elle m’a fait déshériter de mes deux parents. Je décide de m’opposer en justice à ces testaments et de reprendre une place auprès de ma mère, ainsi que près de la famille élargie. C’est presqu’aussi difficile que d’avoir perdu cette place. Ma soeur considère ses droits comme acquis; tout le monde s’était fait à ma disparition, à mon silence blessé. J’ai l’air de voler quelque chose. Je me sens comme vous le décrivez. Je suis même suspecte de revenir pour un héritage auquel je n’aurais pas droit. Dans mon pays, on ne peut pas déshériter ses enfants, juste en favoriser un, mais je tiens bon depuis des mois et revendiquer la place que je n’aurais jamais dû perdre. Votre texte me parle d’une façon particulièrement forte, et je l’ai envoyé à ma mère. Merci.

  14. Salfati Deroeux dit:

    Des pensées en passant

    Décider de modifier ce que nous étions pour être vraiment ce que nous sommes destinés à être

    Ce là nous a pris du temps
    Décider de faire le ménage autour de nous
    Ne garder que l’essentiel et les personnes qui nous paraissent fiables

    Nous respecter

    Mais au delà de ce changement que nous opérons et quand nous l’opérons, nous constatons amèrement que rien ne change autour de nous.

    Comme si nous attendions de nos modifications qu’elles modifient notre entourage .
    Même inconsciemment

    Nous nous faisons respecter pour que le monde change et je me dis que le dessein n’est pas le bon

    L’acte l’est

    N’est pas pour cette raison que nous doutons de nos décisions

    En changeant nous mémé nous espérions être reconnus en tant que .. nous.

    Mais ça ne peut pas fonctionner

    Je rejoins mp Charron dans son texte de ce matin.

    Ce passage réveille nos peurs les plus terribles
    Ne pas être apprécié pour ce que nous sommes
    Être rejeté

    C’est là passage obligé n’est ce pas ?

    Mais si ce changement était réalisé dans le seul but d’être conforme à ce que nous sommes, sans rien attendre de l’extérieur, ne le vivrions-nous pas mieux ?

    N’essayons nous pas de changer pour les autres , pour être aimé ? Alors que le but ultime de ce changement est de nous aimer nous mêmes, quelles que soient les réactions des gens que nous croisons.

    Je crois qu’il est là le problème

    Non pas que nous soyons sur la mauvaise route en décidant de nous faire accepter, mais nous ne le faisons pas pour la bonne raison.

    Ce foutu besoin vital d’être aimé et si possible de manière inconditionnelle.

    Alors que cet amour là nous devons l’avoir pour nous mêmes.

    Ça me fait penser à cette phrase « aide toi le ciel t’aidera »

    Je dirais donc « aime toi, le monde t’aimera ou pas, mais surtout tu t’en auras plus rien à faire »

    Je suis sure qu on tient un truc là.
    Mais je ne connais pas le chemin. Pas de GPS mais une vieille carte un peu effacée ce qui nous oblige à inventer nos propres routes.

    Et sans respect de nous, la route sera encore sinueuse.

    Nous ne nous trompons pas .
    Nous manquons juste de confiance en notre futur et en notre valeur

    Parce que oui, nous avons de la valeur .
    Nous ne sommes pas ce qu’on nous a montré.

    Nous avons de la valeur et nul besoin que le monde nous le montre.

    L’autonomie en amour

    C’est ça le secret .

  15. Merci beaucoup Marie! Je n’ai pas de soucis pour occuper ma place au ciné, concert… Mais en ce moment, un voisin et moi-même essayons de faire entendre raison à un agriculteur qui a dévié le cours des eaux de pluie sur ses champs en toute illégalité. Nos terrains et cours (en dessous des champs sur la pente) sont inondés et ravinés depuis plusieurs mois. Les discussions amiables n’ayant rien donné, nous passons par le conciliateur de justice pour essayer de lui faire entendre raison. Je sais que l’agriculteur est furieux de nos démarches et j’en suis bien embêtée. Mais ton mail me rappelle que « cet inconfort est normal, inévitable, et il n’y a pas de solution magique autre que de l’accepter et de laisser les choses se placer.  » Donc vive l’affirmation de soi!

  16. Chère Marie Pier,
    merci pour ce partage et cette réflexion qui doit parler à bon nombre d’entre nous…
    Eh bien moi, je vous trouve héroïque d’avoir attendu 10 chansons (!!) pour remettre ce monsieur « à sa place ». Je vous embrasse

  17. C’est une expérience que j’ai vécue il y a plusieurs années au Forum de Montréal. Je n’ai pas attendu très longtemps avant de lui dire qu’il m’empêchait de bien voir le chanteur tout en bas de la scène.
    C’est dans le ton. c’est important de le dire avec le ton que la personne est capable de comprendre.
    Si j’avais attendu avant de lui dire, j’aurais fini par utiliser un langage qui aurait sûrement provoqué un conflit entre nous-deux. La liberté de l’un finit là où commence la liberté de l’autre. Se faire respecter c’est aussi s’aimer soi-même. Aime ton prochain comme toi-même.

  18. Oh Marie-Pier…!
    Chacun de vos messages a toujours résonné si juste, et celui-ci si fortement.
    Je vous explique : je me suis mariée ce week-end. Une fête que nous voulions à notre image : simple, authentique et convivial. Nous avions invité chaque personne parce que nous les voulions à nos côtés, et non parce que nous y étions obligés. Néanmoins, certains sont incontournables, comme les frères et sœurs. Et malgré une relation peu satisfaisante, nous avons bien entendu invité le frère de mon futur mari et sa compagne.
    Nous tenions à tout faire nous-mêmes et avons préparé la fête pendant plus de trois jours, entre cuisine et installation.
    La fête fut merveilleuse, lumineuse, au-delà de mes espérances.
    Mais cela n’a pas suffit à mon beau-frère pour se détendre et y prendre réellement part. Et il ne nous a pas adressé la moindre parole de tout le week-end, pas plus qu’à une grande partie de nos invités d’ailleurs. (A ce stade, je pense qu’il est honnête de dire que je n’y suis pas allée non plus…). Plus dur encore pour moi, à aucun moment il ne s’est investi dans la logistique pour nous donner un coup de main.
    Dimanche soir, alors que la fatigue se faisait bien sentir mais qu’il fallait encore ranger et nettoyer, nous invitions les personnes encore présentes à se partager les dernières victuailles. Qu’elle ne fut pas ma surprise de voir ce couple se servir très généreusement dans ce qu’il restait (un peu en mode « grocery shopping »). Je trouvais ça un peu mesquin de ma part, d’autant qu’il restait beaucoup et que ça va la mieux que de jeter.
    Puis ma belle-mère fit un appel à propos du fromage : ces merveilleux fromages venus des Alpes, apportés par ma famille. Aussi, lorsque je les ai vus, mon beau-frère et sa femme, se diriger à grandes enjambées vers ce qu’il en restait, mon sang n’a fait qu’un tour et mon instinct de survie fromager a pris le dessus. Je suis allée les « informer » que nous n’étions nous mêmes (ceux-qui-avaient-tout-payé-et-tout-organisé-et-que-vous-n’avez-pas-aidés-ou-considéré-du-tout) pas encore servis. Le ton ne laissait aucune place à l’interprétation de ma remarque. La première objection fut balayée de facto par un cinglant « y a pas de problème, mais je précise » sur lequel j’ai tourné les talons et je suis retournée à mes tâches. J’ai entendu dans mon dos des protestations mais je les ai ignorées car je savais que ça pouvait dégénérer et je ne pouvait imaginer clore un week-end si génial de cette manière.
    Néanmoins, j’étais bouleversée. Je trouvais leur comportement inacceptable. Qu’ils ne m’apprécient pas, je peux l’entendre, mais je me suis sentie pillée à cet instant (de toute l’énergie et amour que j’avais mis dans les préparatifs) et mon instinct a repris le dessus.
    Cela m’a gâché la fin de journée, mais j’ai tout de même eu droit à une belle surprise : alors que je pensais les voir partir sans dire au revoir après tout ça, ils sont revenus, tout sourire, comme si de rien n’était. J’ai joué le jeu, soucieuse de montrer ma bonne volonté.
    Malgré la conviction que ma réaction était saine et juste pour moi, je n’ai pas pu m’empêcher de culpabiliser.
    Alors oui, je prends ma place et je l’assume !
    Plein de belles pensées pour tous,
    Suzon

    1. Marie-Pier Charron dit:

      Merci du partage, chère Suzon! Félicitations pour votre mariage ET pour le bel acte d’affirmation. :-)

  19. Bonjour,
    je tenais absolument à vous dire à quel point ce texte tombe à point pour moi. Il me parle énormément et je le relirai souvent lorsque je sentirai que je m’efface pour ne pas déranger. J’ai porté plainte pour viol en janvier 2017. L’agression remonte à 1998. Les gens ont souvent de la difficulté à comprendre que l’on puisse porter plainte après 20 ans… que l’on devrait « lâcher prise », passer à autre chose, oublier simplement, ou même pardonner! Je suis une fille qui a tendance à refouler ma colère. Cet événement y est pour beaucoup dans ce contrôle de mes émotions. Parfois, je me demande si je fais la bonne chose, si je ne devrais pas tout abandonner. Il m’arrive de douter de moi, de trouver que je suis une mauvaise fille de vouloir poursuivre… c’est fou. Mais plus que jamais, j’ai cette urgence de reprendre ce qu’on m’a enlevé. J’ai besoin de me lever pour ma dignité, pour le respect de moi-même. Parce que je vaux quelque chose! Et parce que c’est venu briser une partie de moi… le temps n’efface pas ce genre de blessures. Mais je dois sans cesse me battre contre cette voix qui fait que je me sens mal de prendre ma place. Ne rien faire, c’est beaucoup plus facile… Tellement plus facile. Certaines personnes croient que l’on fait ça pour avoir de l’attention, pour aller chercher de l’argent, pour passer le temps, que sais-je! Je dois sans cesse me rappeler que j’ai droit au respect. Que ce crime n’est pas plus valable sur moi que sur n’importe qui. Que je mérite aussi justice. Et que ça ne fait pas de moi quelqu’un d’égoïste…
    Ce chemin est difficile, tellement plus que je ne l’aurais imaginé. Alors votre merveilleux texte, il vient beaucoup m’aider.
    Merci infiniment
    Nat

    1. Marie-Pier Charron dit:

      Merci de ce partage si précieux Nat. Tu peux le poursuivre ET le pardonner en même temps, ce sont deux choses différentes. Si quelqu’un avait saccagé ta maison, ils paieraient le coût des dommages. Le fait que tu acceptes la compensation ne voudrait pas dire que tu n’as pas pardonné ou que tu n’es pas passée à autre chose, ce serait juste l’ordre naturel des choses.

      Même si les dommages ici ne sont pas matériel, c’est le même principe. Et c’est un CADEAU que tu lui fais, à lui aussi, même s’il ne le sait pas. Je peux seulement imaginer la détresse de vivre avec une telle chose sur la conscience sans avoir reçu les conséquences.

      Bon courage! Tu es grande et belle et admirable.

  20. Wow !!! Et que ça me parle ce message , de prendre ma place , que j’ai souvent laissé de côté , pour ne pas déplaire à mon entourage … Ouf !!!
    Je suis de plus en plus conscient de cela , et je prends cette place qui m’appartient , et je me pardonne de ne pas l’avoir pris avant …
    Ma mère adoptive a 98 ans , et elle n’est pas très fine parfois lorsqu’elle s’adresse à moi , elle fait un peu de démence , au début je le prenais personnel , maintenant je vois bien que ce sont ses souffrances et blessures qu’elle n’est pas capable d’exprimer , tout simplement … Donc, je lui dis simplement que je n’aime pas qu’elle me parle ainsi , et je continue d’être patient avec ma mère qui a fait tout ce qu’elle pouvait pour m’amener où je suis rendu , et tout est vraiment parfait et ok , surtout de me regarder aller dans ma vie , et d’être plus présent à ce qui EST tout simplement … C’est beau la vie , et c’est à chaque instant … Merci de tous tes sujets qui me font grandir à l’intérieur de moi , tu es un beau cadeau de l’Univers … Magnifique journée cher Marie xx oo

  21. merci infiniment Marie. Comme toujours c’est exactement ce que j’avais besoin d’entendre. Je me suis replacé au centre de ma vie récemment et l’intrus de ma bulle a perdu ses repères des 37 dernières années. Il rue et recherche toujours son ancienne demeure avec le pouvoir qui allait avec. Mais mon pouvoir je l’ai repris et je vois avec objectivité le jeu qui se déroule, du moins la plupart du temps. C’est une transition avec ses hauts et ses bas mais je tiens bon car il n’est absolument pas question que je revienne en arrière. Merci de nous soutenir ma belle Marie. Une hypersensible qui a choisit la légèreté

  22. Merci Marie-Pier, c’est tout ce que j’avais besoin d’entendre aujourd’hui !
    J’en avais vraiment besoin, votre message est salvateur pour moi, alors merci du fond du coeur ♥

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